"LE PIN SUR LA PLANCHE"
QUELQUES DATES DE L'HISTOIRE DU CHATEAU DU PIN
1èrepartie : Des origines à la période révolutionnaire 1032 - 1295 : LE JURA DANS L'EMPIRE GERMANIQUE 1053 Il existe déjà une bâtisse.
ORIGINES DE LA CONSTRUCTION
Le château actuel a été précédé par une autre forteresse dont le nom fut GARDE-CHEMIN, dénomination qui indiquait assez le motif de son établissement.
Les chemins que surveillait ce fort étaient au couchant la grande voie des Saulneries et au levant le chemin de la Poste qui des montagnes de Moirans descendait au vignoble par Revigny et reliait à la ligne précédente vers Domblans.
Il est parlé du Château de Garde-Chemin dans un traité de l'an 1053 passé entre Odon II abbé de Baume et le comte de Bourgogne Etienne Ier du nom.
Cette terre n'appartenait à l'abbaye de Baume très probablement que par suite des dotations de l'abbé Bernon son principal restaurateur et bienfaiteur qui avait quitté les hautes dignités du pays pour se consacrer à Dieu.
NAISSANCE DU CHATEAU DU PIN
JEAN DE CHALON L'ANTIQUE convoitait ce domaine si bien placé.
Pour l'obtenir, il commence par bâtir un château (ou plutôt, il reconstruisit l'ancien château de Garde-Chemin)
SANS MÊME DEMANDER L'AUTORISATION AU PROPRIETAIRE DU TERRAIN, l'abbé de Baume.
Ce dernier protesta violemment, et un acte fut signé en 1253 pour arranger l'affaire.
Notes sur le fondateur de l’illustre maison de Châlon : Jean, surnommé le Sage ou l’Antique (1190-1267), fils d’Etienne II comte d’Auxonne et de Béatrix de Châlon unique héritière de ce nom. Jean relève les armes d e ses aïeux maternels (de gueules à la bande d’or) et prit le nom de Châlon. Il se maria trois fois, d’abord avec Mahaud soeur d’Eudes III de Bourgogne dont il eut Hugues Comte palatin de Bourgogne, ensuite avec Isabelle de Courtenay dont sortit la branche des Châlons Auxerre et enfin avec Laure de Commercy qui donna naissance à celle des Châlons Arlay.
LE CHATEAU DU PIN :
UNE CONSTRUCTION SANS PERMIS ! ! 2 février 1253 : Acte de Naissance du Château
TRAITE D'ASSOCIATION
Au XIIIème siècle, incapable de susciter la générosité des fidèles à son égard, l'abbaye procède à l'abandon de l'exploitation directe et à l'ASSOCIATION avec des barons ;
Elle s'oriente vers la location de terres contre une redevance en argent (L'ASCENCEMENT). Le monastère devient rentier du sol.
Des contrats d'association sont passés avec de grands barons, à des fins militaires et économiques : CHACUN des contractants retirait des AVANTAGES incontestables :
D'une part le comte renforçait sa puissance et son contrôle,
D'autre part, l'abbé qui n'avait pas les moyens de s'opposer à la construction de la forteresse, s'en consolait en recevant LA MOITIE des revenus de cette châtellenie.
Le fils d'Etienne de Bourgogne qui avait construit le château de Montaigu sur ce principe, Jean de Chalon, construit le château de Montanoisel sur une terre abbatiale.
(in "L'abbaye de Baume-les-Messieurs" par René Locatelli 1978)
Pourquoi l’inféodation est appellée association ?ORIGINAL du Traité entre Jean de Chalon l'Antique et l'Abbé de Baume. ADJ.1H18
COPIE du XVIIIème siècle ADJ 1H 581Par un acte passé le 2 février 1253, Odon, abbé de Baume, après avoir exposé qu'IL NE CEDAIT QU'A LA FORCE, et sur l'avis de plusieurs sages conseillers, ASSOCIA JEAN DE CHALON POUR UNE MOITIE dans la possession du château du Vieux-Montanoisel ou de Garde-Chemin, en se réservant les dîmes, les oblations et autres revenus ecclésiastiques et les fours. Il fut convenu que le comte aurait son propre donjon et que l'abbé aurait la maison qu'il se proposait de bâtir du côté du pin,
Les clauses de cette association furent les mêmes que celles contenues dans l'inféodation de Montaigu à Etienne II de Bourgogne en 1208.
Le comte Jean, soit par reconnaissance, soit pour le repos de son âme et de celles de ses prédécesseurs, donna à l'abbaye de Baume tous les étangs et les moulins qu'il établirait depuis le Louverot jusqu'à la forêt de Chille, moitié des amendes et de la justice qu'il avait ou pouvait avoir à Montanoisel, Montain et Lavigny, et tout ce qu'il possédait dans ces villages, à la réserve de quinze quartaux d'avoine à la mesure de Château Chalon et de la faculté de forcer les habitants de ces lieux à contribuer au guet et garde et aux menus emparements de son château lorsqu'il en serait besoin. Il promit la ratification de son fils Hugues, comte de Bourgogne, qu'il ne fournit point, et se soumit à l'excommunication en cas de contravention à ce traité;
Contresigné par l'archevêque de Besançon et le comte Hugues de Bourgogne, fils de Jean de Chalon.
CONCORDANCE DES TEMPS
Jusqu'en 1575, en Franche-Comté, l'année commençait à Pâques : février 1252 équivaut donc à février 1253 du calendrier moderne.
(in "Le château du Pin" par André Bouvard 1979)
Halte aux idées reçues :
Un château est un élément offensif de la civilisation médiévale; il marque un territoire et symbolise la prise de possession d'un espace par un seigneur; il surveille un carrefour de routes, une voie du sel, rançonne parfois les passants ou donne l'hospitalité, selon la moralité du propriétaire.
(in "Histoire du Jura" par Daniel Jeandot)
Notes sur la famille Du Pin : originaire du Pin, où elle possédait dès le XIIème siècle un fief et un château considérables, cette maison chevaleresque a pour premier auteur connu Hugues du Pin, nommé avec d’autres vassaux de Guillaume, comte de Bourgogne, pour exécuter une bulle du pape relative à des contestations entre l’abbaye de Baume et celle de Cluny en 1147. La filiation commence à Perrin du Pin, chevalier en 1280, ses descendants ont formé plusieurs branches : les plus connues sont celles des seigneurs de la Chasnée et des barons de Jousseau, dont le titre fut reconnu en 1699 à Claude marie du Pin, baron de Jousseau, par arrêt de la Chambre des Comptes de Dole. Il était alors l’unique représentant de sa maison et mourut sans postérité. Deux de ses frères furent religieux à Baume et le troisième à Gigny. Deux de ses soeurs entrèrent à l’abbaye de Chateau-Chalon, une seule se maria, Marie Anne du Pin femme de César de Balay. Aussi sur sept enfants, un seul se maria et cinq entrèrent en religion. Ce fut une des causes de l’extinction des races féodales sous l’ancien régime, pour rendre une maison plus puissante, plus riche, on faisait trop souvent entrer en religion sauf l’aîné, en sorte que si celui-ci ne se mariait pas, ou n’avait pas de garçons, on pouvait voir une famille de quatre jeunes gens s’éteindre sans héritier mâle.1295 - 1384 : LA PREMIERE PERIODE FRANCAISE.
Octobre 1319 : Hommage de la reine de France
Jeanne reine de France et de Navarre, comtesse de Bourgogne et dame de Salins reconnaît avoir PRETE HOMMAGE à l'Abbé de Baume pour le château du Pin ADJ 1H18
TRADUCTION ENTIERE DU DOCUMENT
Jeanne, par la grâce de Dieu Reine de France et de Navarre, Comtesse palatine de Bourgogne et Dame de Salins, faisons savoir à tous présents et avenir, que les châteaux de Montaigu et du pin, que tient de nous notre amé et féal oncle, le comte(fidèle) de Montbéliard, nous les tenons à notre tour de religieuse personne l'abbé de Baume spécialement placé avec son monastère sous notre sauvegarde, et que nous en avons fait, audit seigneur abbé, de notre comte de Bourgogne, l'hommage féodal, de la même manière et dans la même forme que nos prédécesseurs l'ont fait anciennement.
En témoignage de quoi nous avons ordonné que notre sceau fût apposé aux présentes.
Donné à Dole en bourgogne, au mois d'octobre mille trois cent dix-neuf.
1332 : Le château passe aux Vienne
Acte de Hugues de Vienne avec son sceau de cire rouge (1361) ADJ F318
Halte aux idées reçues :
La raison profonde du lien féodal est d'obtenir une terre ou un bien.
Ces contrats sont souvent à l'origine de la mise en valeur, par le vassal, d'une terre que le suzerain n'exploitait pas; les deux partenaires se partagent ensuite les revenus.
Ainsi, pour obtenir une terre convoitée, car bien placée par rapport aux routes, aux rivières ; un seigneur important peut se reconnaître le vassal dun plus petit seigneur, propriétaire du lieu.
LA REINE DE FRANCE PRETE HOMMAGE A UN SIMPLE ABBE.
ET VOILA TOUTE LA PYRAMIDE FEODALE
DES LIVRES D'HISTOIRE QUI S'ECROULE ! !
(in " Histoire du Jura " par Daniel Jeandot 1987)