Le journal

"LE PIN SUR LA PLANCHE"

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Le château du Pin à travers des documents d'archives

27 juillet 1637 : Prise du château par Longueville

(Les troupes françaises menées par Henri de LONGUEVILLE prennent le château après avoir incendié complètement LONS)

TRISTE PAGE D'HISTOIRE LOCALE

Parti le 21 juin de Branges près de Louhans avec son lieutenant d'Arpajon, 2000 fantassins et 1000 cavaliers, Longueville marcha sur Lons, ville aux environs de laquelle il allait bientôt recevoir 4000 fantassins et 500 chevaux amenés du pays de Gex et du Bugey par Guébriant...

Le 12 juin au soir, Longueville attaqua le château de Courlaoux, qui, après avoir résisté de son mieux, se rendit le lendemain matin. Le 24, il arrive devant Lons, ville de 2000 âmes, murée à l'antique.... La ville fut incendiée et resta ruine inhabitée jusqu'en 1642

Le 27 longueville prit le château de Chilly, le 28 Savigny pilla et brûla Clairvaux, le château de la tour du meix, le 16 Orgelet, Moutonne et pymorin, et regagna Lons n'ayant trouvé nulle part de la résistance. Le 24 il prit le bourg de Saint-Laurent la roche où régnait la peste, ensuite il s'empara des châteaux de Crèvecoeur près d'Orbagna, puis le 27 juillet des châteaux du Pin et d'Arlay...

(in "Histoire de la guerre de dix ans " par Xavier Brun 1938)

“Pour avoir l’argent ou ce qu’ils désiroient de ceux qui pouvaient attraper, leur faisoient avaler, mesme aux pretres et aux curés, de l’eau chaude, de l’huile, de l’urine, de l’eau de fumier, et des seaux entiers, et après, leur sautoient des pieds sur le ventre pour la faire ressortir par la bouche. Donnoient aux uns le frontail jusqu’à leur faire sortir les yeux de la teste, chauffoient la plante des pieds aux autres et les leur grilloient avec les mains : attachoient les autres au crémail par les pieds et faisoient de la fumée au dessous pour les étouffer, descendoient des autres dans les puits jusqu’au col et les laissoient là.”
D’après un chroniqueur de l’époque.
(in “Histoire de l’abbaye et de la terre de Saint Claude par D.P.Benoit 1892)

1654 : Le château passe aux Louverot

15 octobre 1674 : Démantelement par Louis XIV

(Après la seconde conquête de la Comté, Louis XIV donne l'ordre de démanteler le château pour anéantir son rôle militaire)

LE DEMANTELEMENT DE 1674

Les officiers fiscaux de sa Majesté au baillage d'Aval, siège et ressort de Montmorot, en suite des ordres qu'ils ont eu, ordonnent aux échevins de Perrigny d'aller et envoyer incessamment au château du pin et pour jeudi prochain sans remise, les habitants dudit lieu, fournis de pics, pioches, fousseurs, paniers et autres choses nécessaires POUR RASER PAR LE PIED TOUT CE QUI EST DEPUIS LA MAITRESSE TOUR OU EST LE LOGEMENT JUSQU'A LA TOUR DE LA PRISON ; LE FLANC QUI REGARDE AUSSI CETTE BRECHE SERA RASE POUR QUE L'ON RETSE DE PLAIN PIED RASER AUSSI LA MURAILLE QUI ENTOURE LE PUITS ET TOUT CE QUI EST DEVANT LES PORTES, à la réserve des murailles du jardin et de faire toutes autres choses marquées sur les ordres de Monsieur le Chevalier de Montcault, et y demeurer et travailler en telles sortes que toutes les besognes y soient parachevées entièrement pour la saint Martin à quoi ne manquerez, à peine de 200 livres d'amende.

Cet ordre est daté du 15 octobre 1674

<(in " Annuaire du Jura " 1878)

Le Capitaine Lacuzon

Le Capitaine LACUZON célèbre défenseur de la franche-comté au XVIIème siècle

Sceau de Philippe IV d'Espagne Sceau de Louis XIV

Sceaux de Philippe IV d'Espagne et de Louis XIV

1678 ; PROVINCE FRANCAISE

1700 : Conflit avec l'abbé de Baume

Notes sur la famille De Watteville : La filiation de cette maison remonte à Gérard seigneur de Watteville et de Kirchdorf, un des principaux seigneurs de l’état de Berne vers 1410. Sa descendance forma plusieurs branches dont l’une ne voulut pas accepter la réforme protestante et passa en Franche-Comté vers 1559. Aux Watteville de Franche-Comté appartenait le célèbre Don Jean de Wattevile abbé de Baume, un des personnages les plus curieux du règne de Louis XIV.
( in “Nobiliaire de Franche-Comté” par Roger de Lurion 1890)

Le célèbre abbé de Baume Jean de Watteville poursuit devant le parlement Claude du Louverot pour qu'il reconnaisse que la TERRE du PIN était un FIEF de son ABBAYE ADJ E68

CONFLIT AVEC L'ABBAYE POUR CONSERVER SES INTERETS

Le trop célèbre Jean de Watteville, abbé de Baume, poursuit devant le parlement Claude-François du Louverot, pour le faire condamner à RECONNAITRE QUE LA TERRE DU PIN RELEVAIT EN FIEF DE SON ABBAYE et qu'il avait moitié de la moyenne et basse justice dans cette seigneurie, quoique le contraire eût été décidé par un arrêt de 1606. Tout à coup, par un traité du 7 septembre 1694, il renonça à toutes ses prétentions ; mais il ne tarda pas à en avoir du regret et fit prononcer la nullité de ce traite par un arrêt du parlement du 1er avril 1700.

(in " Dictionnaire des communes tome V " par A. Rousset 1857)

LE DROIT DE FIEF contre ... ... DES GLANDS !

JEAN DE WATTEVILLE, ABBE DE BAUME, DEMANDEUR, CONTRE CLAUDE FRANCOIS DU LOUVEROT BARON DU PIN, DEFENSEUR

Quatre chefs d'accusations :

Le droit de fief appartient à l'abbaye de Baume sur la terre du Pin>

Le droit de moyenne et basse justice, avec la moitié des amendes revient à l'abbaye de Baume

Obligation pour les chatelains, procureurs et greffiers institués par le seigneur du Pin de prêter le serment entre les mains de l'abbé de baume

Lesdits officiers doivent être destitués lorsqu'ils se trouvent avoir fait quelque chose contre les droits de l'abbaye. Ils doivent de plus, délivrer les extraits des actes de justice lorsque l'abbé les demande, et ceci sans aucune rétribution.

A l'appui, rappel des titres datés de 1253, et des reprises de fiefs faites en 1315, en 1319 par Jeanne Reine de France, et en 1421....

MAIS UNE NOTE MANUSCRITE SIGNEE DE LA MAIN DE WATTEVILLE DIT CECI :

Par l'avis d'amis communs, j'ai été obligé de RELACHER A MONSIEUR LE BARON DU PIN , TOUTES LES PRETENTIONS CONTENUES AU PRESENT FACTUM moyennant la cession qu'il m'a fait, du droit qu'il avait de la paisson des glands, dans mes bois, à mon exclusion.

Et si la cour trouve bon d'homologuer le traité que nous en avons fait, il n'y aura pas de scrupule pour mon bénéfice.

Portrait de l'abbé Jean de Watteville

L'Abbé Jean de Watteville (1660-1702) personnage légendaire,
c'est peut-être lui qui sauva le château du démantèlement total.

LA LEGENDE DE DOM JUAN DE WATTEVILLE

ABBE DE L'ABBAYE DE BAUME

Au temps de sa jeunesse, ce personnage extraordinaire qui avait quitté la Suisse huguenote pour rester catholique, se fit chartreux. Mais la robe de bure lui allait mal, et il résolut de s'évader. Il sauta le mur de son couvent. Par malheur, le prieur arriva juste à temps pour essayer d'empêcher l'évasion. Qu'importe ! Jean de Watteville lui fracassa la tête d'un coup de pistolet, et s'enfuit. A la prochaine auberge, il s'installa et commanda un repas pantagruélique. Arriva un officier aui lui demanda de partager le gigot et le chapon, de Watteville refusa, la dispute s'envenima et bientôt l'officier gisait à terre. Le moine en rupture de couvent acheva son repas et s'en alla jusqu'à Madrid où, de nouveau, il tua un gentilhomme. Il fut obligé de fuir, non sans enlever une jeune religieuse qui l'accompagna jusqu'à Smyrne, où elle mourut.

De Watteville se fit musulman, offrit ses services au sultan, se constitua un harem, et devint bientôt chef d'armée. Mais il sentit pâlir son étoile. Il s'enfuit de nouveau, non sans avoir trahi le sultan, et revint à Rome, où le pape, avec quelque indulgence, lui pardonna, et LE POURVUT DE LA TRES RICHE ABBAYE DE BEAUME-LES-MESSIEURS. Entre temps pour n'en point perdre l'habitude, il trahit la Comté. En vain, il essaya de l'offrir aux Suisses pour en faire un quatorzième canton de leur Confédération. Voyant son insuccès, il se vendit à Louis XIV, et, en 1674, il rentra à la suite du roi soleil. Désormais, il s'installa dans son abbaye où il y mourut à l'âge de 90 ans.

(Légende racontée dans " Lacuson " par René Fonville 1980)

On écrivit sur sa tombe cette épitaphe

ITALUS ET BURGUNDUS
IN ARMIS
GALLUS IN ALBIS
IN CURIA RECTUS
PRSBYTER, ABBAS,
ADEST.

Ainsi finit le fripon étrange et légendaire, l'homme habile qui vendit son pays, se vendit lui-même, vécut en brigand de grand chemin, et mourut comme un saint... en vrai Jurassien

(in " La Franche-Comté " par Henri Bouchot Paris 1890)

Halte aux idées reçues :

La terre était la principale source de revenus, le principal souci des seigneurs était d'attirer la population paysanne, de mettre en culture des terres souvent inoccupées ou abandonnées.

Un seigneur n'a aucun intérêt à écraser ses paysans de redevances, à les empêcher de travailler, à leur donner des terres les moins fertiles, à les abandonner quand l'ennemi arrive.

La pire catastrophe pour un seigneur est de voir un village décimé par la peste, et les champs abandonnés.

Qu'un excès survienne, aussi bien dans les prélèvements fiscaux que dans les mauvaises récoltes, aussitôt la province se trouve menacée par la famine.

(in " Histoire du Jura " par Daniel Jeandot)

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